Réflexions sur 3 ans de vie vers l’autonomie

Voilà 3 ans que nous sommes arrivés dans le Sud pour cheminer vers l’autonomie et l’écoconstruction, l’occasion de faire un petit bilan de l’expérience.

Une maison et un poussin plus tard, je trouve le constat vraiment positif.

Je crois que rien ne s’est déroulé comme je l’attendais mais je suis pourtant très heureuse de voir où nous en sommes aujourd’hui.

J’imaginais une demeure construite en une ou deux saisons… trois ans plus tard elle n’est toujours pas finie.

J’imaginais avoir tout de suite un beau potager de permaculture . .. trois ans plus tard notre potager est un méli-mélo de plantes que nous ont passées différentes visites et qui ont été plantées complètement au pif, faute de temps.

J’imaginais publier sur ce blog quasiment toutes les semaines… alors que le dernier article date de début d’année.

J’imaginais de longues soirées lecture en regardant le soleil se coucher sur le lac, en réalité je n’ai jamais été aussi éreintee de ma vie qu’au début du projet -j’avais la sensation d’être devenue un robot.

J’imaginais que je passerais mes journées sur le joyeux chantier, alors que j’ai passé la plupart du temps à gérer lessives – repas pour les travailleurs – télétravail – vaisselle et rangement.

Je pensais que nous prendrions des décisions concernant la construction dans la joie et la bonne humeur, alors que nos visions étaient très souvent opposées (on a beau avoir le même but, les chemins pour y parvenir peuvent être extrêmement variés!)

Je n’avais jamais réalisé à quel point l’eau était essentielle.

Je n’avais jamais imaginé toute la logistique qu’implique un projet comme le nôtre. Et le travail que représente la préparation du torchis.

Je n’avais pas conscience de l’importance des saisons -un temps pour chaque chose, chaque chose en son temps.

Je n’avais jamais observé la lune et ses cycles.

Jamais mesuré l’utilité d’avoir une lampe de poche inclue dans le téléphone pour les nuits à la campagne.

Je ne savais pas qu’une poule ne pondait pas toute l’année, ni qu’il y avait une saison pour planter un arbre ou pour le couper. Qu’une plante a besoin de compost pour pousser.

Je n’avais pas pensé que pour construire une maison, même naturelle, il fallait prévoir un budget en clous, en double vitrage, en parquet,…

Je n’avais jamais imaginé que je rencontrerais autant de projets similaires au nôtre dans la région.

Je n’avais jamais imaginé la joie que je ressentirais pour chaque avancée de la maison – on a fini de planter les pilotis! De poser le toit! D’installer la porte! On a les fenêtres! Notre premier feu de bois!

La satisfaction d’utiliser des toilettes sèches.

Je ne pensais pas qu’une des choses qui me manquerait le plus serait d’avoir un canapé à la maison – lire sur une chaise, c’est moins palpitant.

Nous sommes très loin d’atteindre l’autonomie mais malgré tout vivre un peu plus au calme m’a permis de réfléchir à notre mode de consommation.

À valoriser un pain chaud offert par la voisine.

À me réjouir des visites imprévues – et parvenir à improviser quelque chose à manger avec ce qu’on a sous la main.

À savourer le grand air, le rythme des saisons qui passent et qui reviennent.

Les agneaux qui naissent.

Le volcan qui se couvre de neige.

Les cerises pile quand les poules pondent beaucoup pour faire des clafoutis (des clafou – qué? Me demandent les locaux).

Les peupliers dont les feuilles jaunes sont les premières à annoncer l’automne.

Petit à petit , j’ai commencé à ressentir cette joie de vivre en cohérence avec mes désirs profonds.

Et cette paix grandissante de sentir que ce que je fais a un sens.

Cette sensation d’être en harmonie avec ce qui m’entoure, d’en faire partie.

Regarder quotidiennement par la fenêtre le lac et le chêne, ces compagnons de vie, ces valeurs sûres auxquelles je me suis attachée.

Qu’il est doux de se sentir à sa place!

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8 commentaires

  1. Quelle joie de lire tout ca!! (I can’t write in french anymore, so I won’t even pretend to try!) I am really excited to read this update and happy to know that things are going well. We hope to come back to Chile for one month in the new year, so we will have to plan how to see one another, for sure!!! I miss you and send a HUGE hug to you, Daniel and Aliwen!

  2. Bonjour Delphine, Daniel et Aliwen
    Tout d’abord Delphine, merci pour ton très joli texte sur ce que tu imaginais et qui ne s’est pas vraiment produit, mais patience..
    Tu as dit l’essentiel dans cette phrase » qu’il est doux de se sentir à sa place ».
    Je vous souhaite à tous les trois tous les bonheurs du monde.
    Je vous embrasse.
    Alain

    1. Merci beaucoup Alain pour ton gentil commentaire!
      Je crois que la patience est ce que j’ai le plus appris avec ce projet, et finalement, ça rend service pour beaucoup de choses 🙂
      J’espère que tes projets suivent bien leur cours en Ardèche également.
      Nous t’embrassons bien fort
      Delphine

  3. Quel bonheur de te lire et de sentir la justesse de tes réflexions; j’admire le chemin parcouru et j’espere avoir l’occasion de venir vous voir une de ces jours. faire aussi la connaissance du petit d’homme.
    je t’embrasse Delphine.

    1. Je vois ton message seulement maintenant, désolée pour ce long délai de reponse! Merci d’être une fidèle lectrice, au plaisir de te voir de ce côté-ci du globe! Des bises

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